2010-2015 La coupe encore, l’Europe en plus !

 

 

Saison 2010-11 : Du spectacle, du jeu et un retour en Ligue 2 !

Descente en National oblige, l’été 2010 est celui des grandes manœuvres à Guingamp. A la tête du groupe professionnel, Victor Zvunka est remplacé par Jocelyn Gourvennec. L’effectif est assez profondément remanié avec les départs de Guillaume Gauclin, Yves Deroff, Felipe Saad ou Richard Soumah. L’objectif est clairement avoué, il s’agit de retrouver la Ligue 2 au plus vite.

La saison démarre plutôt bien. En Avant réapprivoise une division qu’il n’a pas connu depuis 1993. Les partenaires de Mamadou Samassa font preuve de solidité défensive et ne concèdent aucun but lors de leurs 5 premières rencontres. Match après match, le groupe prend confiance et, en plus de devenir une machine à gagner, devient une machine à marquer. Thibault Giresse (21 buts au total), Mathieu Scarpelli (15 buts) ou Muri Ogunbiyi (13 buts) s’en donnent à cœur joie. Les scores fleuves s’accumulent. Gap (5-0), Alfortville (6-3), Luzenac (4-1) ou Cannes (4-0) sont balayés au Roudourou.

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Dorian Lévêque, lors d’un succès 4-1 contre Fréjus-St Raphaël

Seule ombre au tableau, une série de trois défaites consécutives au début de l’année 2011 vient relancer la course à l’accession. Bastia semble d’ores et déjà hors d’atteinte. Il reste donc deux places à prendre pour monter en Ligue 2. La lutte est terrible avec Amiens et Strasbourg qui accumulent les victoires. Les Rouge et Noir ne faiblissent pas et parviennent à maintenir la cadence.

Les hommes de Jocelyn Gourvennec s’appuient sur un football de qualité et poursuivent leur marathon. Gueugnon (5-0), Beauvais (3-0), Alfortville (0-6), Créteil (5-1) ou Orléans (4-1) font les frais de cette course folle vers la montée. A 3 journées de la fin et malgré une défaite concédée sur la pelouse d’Amiens (2-1), Guingamp conserve sa place sur le podium. Une victoire face à Rodez (3-1) dans un Roudourou copieusement garni et il ne reste plus qu’un point à décrocher pour atteindre l’objectif.

Le 27 mai 2011, seize ans jour pour jour après sa première accession en D1, En Avant a de nouveau rendez-vous avec son destin. Sans trembler, les Rouge et Noir s’imposent à Rouen (1-3) grâce à un doublé d’El Jadeyaoui (24’ et 76’) et un but de Scarpelli (30’).

Avec 87 buts inscrits et 80 points au compteur, Guingamp peut logiquement fêter son retour en Ligue 2.

Saisons 2011-2013 : Le retour vers l’élite

L’EAG revient en Ligue 2 avec la réputation de pratiquer un beau football, et l’envie de redevenir une place forte du football Français. Le club change de Président, Bertrand Desplat succédant à Noël Le Graët après l’élection de ce dernier à la Présidence de la FFF, mais pas d’objectif. Le binôme Desplat-Gourvennec fonctionne immédiatement, et donne corps aux ambitions du club. L’équipe est renforcée dans toutes ses lignes (Christophe Kerbrat, Mustapha Yatabaré, Fatih Atik, Christophe Mandanne…), et marquée par l’éclosion d’un futur très grand joueur, Giannelli Imbula.

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Anthony Knockaert, 11 buts lors de la saison 2011-2012 en Ligue 2

Le début de saison est plus difficile que prévu, et au soir de la 8ème journée et d’une défaite à Boulogne sur Mer, En Avant est reléguable. Mais passé ce temps d’adaptation, l’apprentissage de la Ligue 2 fait son effet et l’équipe décolle atteignant même le podium lors de la 14ème journée.

Faute de régularité, le club ne pourra réaliser les rêves de montée un temps entrevus, et terminera l’exercice à une 7ème place très honorable pour un promu. Une saison de transition donc, mais aussi pleine d’espoirs, tant la qualité du jeu produit à Roudourou suscite de l’admiration. Une saison festive également, puisque conclue par une magnifique fête à l’occasion du centenaire du club. Un stade comble et en extase, le retour de toutes les anciennes gloires du club (et notamment du duo Drogba Malouda, une semaine avant de remporter la Ligue des Champions avec Chelsea), et une victoire 3 buts à 1 sur le Clermont Foot qui viennent clôturer une belle saison, et donner beaucoup d’espoirs pour la suivante.

Didier Drogba Florent Malouda

La saison 2012-2013 est probablement l’une des plus relevées de l’histoire de la Ligue 2. L’ogre Monégasque, racheté par un milliardaire russe et doté de ressources quasi illimitées, va en découdre pour l’accession avec nombre de clubs historiques (Nantes, Auxerre, Lens, Le Havre…). Mais les Guingampais ne masquent pas leurs ambitions malgré cette opposition relevée. Avec un effectif renforcé par des joueurs d’expérience (Cédric Fauré, Jonathan Martins Pereira, Reynald Lemaître…), En Avant espère acquérir la constance qui lui avait manqué au cours de l’exercice précédent. Le début de saison est difficile, puisqu’à la cinquième journée, En Avant ne point qu’à la treizième place du championnat. Mais la magie Guingampaise va alors opérer, et Guingamp progressivement grignoter son retard. Symbole de l’EAG cette année là, l’équipe remporte dans les arrêts de jeu 4 buts à 3 un match fou contre Auxerre, qui menait 3-1 à 20 minutes de la fin. L’abnégation Guingampaise est sans faille, et Guingamp marquera la bagatelle de 14 buts dans les dix dernières minutes cette année là.

En Avant se positionnera pour la première fois sur le podium lors de la 16ème journée de championnat, mais passera la trêve à la 5ème place, trainant encore les conséquences des difficultés du début de saison. Mais sous la houlette d’un Mustapha Yatabaré transfiguré (lui qui n’avait inscrit aucun but lors de sa première année au club en inscrira 23 l’année de la montée), l’EAG réalisera une seconde partie de saison de haute tenue (38 points en 19 matchs) pour s’octroyer la seconde place du classement. Une montée officialisée dès l’avant dernière journée, à la faveur d’une victoire sur un nouveau but dans les arrêts de jeu de Christophe Mandanne, Guingamp peut fêter sa montée face au GFCO Ajaccio. Un match disputé sur terrain neutre, à Gueugnon, dans une ambiance d’extase pour le millier de Guingampais ayant fait le déplacement et qui étaient les seuls spectateurs présents ce soir là !

Le 24 mai 2013, devant un Roudourou archicomble (18208 spectateurs, record d’affluence toujours à battre), tout Guingamp fait la fête avec les hommes de Gourvennec pur célébrer le retour du club en Ligue 1 neuf ans après l’avoir quittée.

Montée Ligue 1

Soir de montée à Gueugnon, En Avant (2e du championnat de Ligue 2) retrouve la Ligue 1 à la faveur de son succès face au Gazélec Ajaccio (37e journée)

2013-2015 : deux épopées mythiques

Le retour en Ligue 1 ramène les guingampais sous le feu des projecteurs…mais aussi des jugements à l’emporte pièce et du mépris ambiant. La question que se posent tous les observateurs avant le début de saison est de savoir qui accompagnera l’EAG en Ligue 2. Un sondage réalisé par le quotidien L’équipe auprès des joueurs, entraîneurs et Présidents de Ligue 1 accorde ainsi généreusement la dernière place à l’équipe rouge et noir à la quasi unanimité. L’équipe s’est renforcée à la fois par l’arrivée de joueurs solides et expérimentés (Jérémy Sorbon, Younousse Sankharé) et de joueurs à fort potentiel (Claudio Beauvue, Steven Langil). Elle doit également faire face au départ vers l’Olympique de Marseille de son étoile montante, Gianelli Imbula.

Les quinze premières minutes du championnat ne sont pas loin de donner raison aux « observateurs avertis » qui promettent la Ligue 2 à l’En Avant. Pour le match du retour dans l’élite, devant les caméras de Canal + et dans une ambiance des grands soirs, Marseille plie le match en marquant trois fois en un quart d’heure. Mais les Guingampais font déjà étalage de leur force morale en ne sombrant pas, parvenant même à mettre l’OM en danger en fin de match (score final 1-3 avec qui plus est un pénalty manqué). Malgré un début de saison difficile (cinq points sur les six premiers matchs), Guingamp va progressivement passer la marche en termes de réalisme et d’efficacité, et pointe à la septième place du classement au soir de la 15ème journée. Même si l’on pense à ce moment là que le club va se diriger vers un « maintien tranquille », la deuxième partie de saison aura tout d’une aventure haletante.

EAG-PSG

Le 25 janvier 2014, Mustapha Yatabaré ouvre le score face au PSG à la 85e minute dans un stade du Roudourou en délire. Proche de l’exploit, la troupe de Jocelyn Gourvennec obtient toutefois le point du match nul (égalisation d’Alex 89e).

En Championnat d’abord, l’EAG va souffler le chaud et le froid. Malgré dix points d’avance sur le premier relégable à la trêve, et quelques magnifiques performances sur la seconde partie de saison (match nul 1-1 contre les ogres du PSG),  un enchainement de défaites en février / mars va condamner les Guingampais à lutter jusqu’au bout pour gagner le droit de renouveler leur bail en L1. Premier non réléguable au soir de la 34ème journée, Guingamp n’a plus que deux points d’avance sur Sochaux. Mais l’équipe ira puiser au fond de ses ressources pour remporter des matchs au couteau contre Valenciennes et Toulouse et aller chercher un point salvateur en terre monégasque et obtenir ainsi, au soir de la 37ème journée, un maintien mérité. Un exploit d’autant plus remarquable que l’histoire de cette fin de saison ne résuma pas à une bataille en championnat. Car dans le même temps, le souffle de la Coupe de France revint illuminer les yeux Guingampais…

CDF EAG-ASM

Vainqueur de Monaco (3-1 ap), En Avant se qualifie pour sa 3e finale de coupe de France. Les Guingampais retrouveront le Stade Rennais au Stade de France

Comme en championnat, le début de parcours fut pourtant loin d’être une partie de plaisir pour les Guingampais. Si l’entrée en lice se solde par une qualification maîtrisée sur le terrain de Bourg Péronnas (0-2), En Avant va souffrir le martyre pour passer l’obstacle de Concarneau. Dans une véritable ambiance de Coupe de France, En Avant pense avoir fait le plus difficile en ouvrant le score par Mustapha Yatabaré, mais se fait reprendre dans les dix dernières minutes, et il faut bien le dire de manière logique tant les Thoniers font souffrir leurs adversaires. Acculé à la prolongation, Guingamp concède un second but et est virtuellement éliminé à la mi temps des prolongations. Fort heureusement, l’entrée de Rachid Allioui et deux réalisations coup sur coup de Yatabaré et Beauvue auront raison du courage des Concarnois. Guingamp passe le cap de manière inespérée…la fin de l’histoire n’en n’aura que plus de saveur !!

CDF EAG-ASM

La route Guingampaise se poursuivra chez des clubs amateurs, pour autant de matchs pièges bien maîtrisés. L’Ile Rousse (0-2) et l’AS Cannes (0-2) n’inquiéteront pas vraiment En Avant. Et ne l’empêcheront d’accéder aux demis finales, pour y grimper l’Everest : affronter l’AS Monaco. Monaco, cette année là, c’est une pléiade de stars internationales (Falcao, Moutinho, James Rodirguez, Toulalan, Anthony Martial…) entraînée par un coach de renom (Claudio Ranieri). C’est aussi le seul véritable concurrent du Paris Saint Germain en championnat. Mais Monaco va souffrir comme jamais au cours de la saison à Roudourou. Déstabilisés par l’ouverture du score précoce de Yatabaré, les monégasques peinent à rentrer dans leur partie. Pour autant, ils semblent avoir fait le plus difficile en égalisant par Berbatov à la demie heure de jeu. Mais Monaco ne prendra jamais l’ascendant dans ce match, qui verra les occasions Guingampaises s’empiler (frappe sur la barre de Douniama, pénalty évident oublié pour une main de Ricardo Carvalho dans la surface). La délivrance viendra finalement d’Atik et Yatabaré, qui assurent la qualification Guingampaise, et feront dire à Ranieri « Ce soir, Guingamp était Monaco ». Le Roudourou, encore plus bouillant que d’habitude, peut exulter pendant les dernières minutes puisqu’ « On est en finale ». Comme cinq ans plus tôt. Et comme l’histoire est taquine, l’adversaire d’En Avant en finale sera…le stade Rennais !!

Même si les joueurs ayant vécu le 9 mai 2009 sont peu nombreux dans chaque camp (Romain Danzé côté Rennais, Lionel Mathis et Mamadou Samassa côté Guingampais), le souvenir de la précédente finale est de toute évidence bien présent au moment d’entrer sur la pelouse du Stade de France. Et va complètement inhiber le Stade Rennais. Une demi-volée de Martins Pereira (37ème) viendra concrétiser une domination Guingampaise constante en première période, avant que Yatabaré de la tête ne cueille le Stade Rennais dès le début de la seconde période. Guingamp maîtrisera le match de bout en bout, pour obtenir un second trophée en cinq ans et rejoindre son adversaire du soir au Palmarès de la prestigieuse Coupe de France.

FOOTBALL : Rennes vs Guingamp - Finale Coupe de France - 03/05/2014

En remportant la Coupe de France, Guingamp s’offre un double privilège. Celui de disputer le Trophée des Champions à Pékin, contre le Paris Saint Germain d’abord. Celui de se qualifier directement pour la phase de groupe de l’Europa League ensuite. Et un peu comme la saison précédente, c’est l’enfer qui est promis aux Guingampais. Guingamp en coupe d’Europe, symbole de l’effondrement du football français. Guingamp qui ne ramènera à coup pas un point de cette phase de groupe. Guingamp qui descendra vraisemblablement en fin de saison, faute d’avoir l’effectif pour s’aligner sur les deux tableaux.

Claudio Beauvue

L’équipe s’est renforcée pour affronter cette Europa League. Jonas Lossl et Lars Jacobsen, tous deux internationaux Danois, Sylvain Marveaux, prêté par le prestigieux Newcastle United, ou encore Jérémy Pied viennent apporter leur maturité et leur haut niveau technique à un collectif en pleine réussite depuis quatre ans. Mais le début de saison n’est pas loin de donner raison à ceux qui brocardent la présence d’EAG au niveau Européen. Entre une campagne européenne mal démarrée (0-3 à la Fiorentina) et un début de championnat très poussif (12 points en 15 journées et une dernière place à la clé), En Avant aborde le mois de décembre en bien mauvaise posture. Pourtant, certaines performance de haut niveau, en Coupe d’Europe (victoires à domicile 2-0 contre le PAOK Salonique et le Dynamo Minsk) comme en championnat (2-1 contre Bordeaux et à Lille) montrent à quel point cette équipe est capable de bien faire. Mais le déficit de confiance et la difficulté à enchainer les matchs viennent pénaliser cette équipe, qui va pourtant faire preuve d’une force morale exceptionnelle pour totalement renverser la vapeur en décembre.

EL PAOK EAG

L’équipe d’En Avant au coup d’envoi de PAOK Salonique-EAG le 11 décembre 2014, date de la qualification historique pour les 16emes de finale de l’Europa League

Deux victoires consécutives en championnat, contre Caen et à Reims viennent ainsi lancer ce qui restera comme l’une des plus belles semaines de l’histoire du club. D’un doublé sublime, Claudio Beauvue donne la qualification en 16ème de finale d’Europa League à l’EAG dans la fournaise du stade Toumba à Salonique (1-2). Guingamp devient le premier club Breton à atteindre ce stade de la compétition. De retour le vendredi matin en Bretagne, les Guingampais doivent affronter l’immense Paris Saint Germain, invaincu depuis le début de saison, le dimanche suivant. Dans un stade chauffé à blanc, les Guingampais ne ressentiront jamais les effets de la fatigue. Un but précoce de Jérémy Pied vient faire douter les stars parisiennes. Et les Guingampais résisteront de manière héroïque pour conserver ce court avantage jusqu’à la fin du match.

Beauvue

Si Guingamp connaîtra une seconde partie de saison sereine en championnat (10ème place, maintien assuré à quatre journées de la fin), ce sont les coupes qui viendront apporter leur lot d’émotions, dans la grande tradition du club. Quart de finaliste malheureux et malchanceux à Monaco (0-2) en Coupe de la Ligue, le club verra lui échapper de peu une nouvelle finale de Coupe de France, éliminé à Auxerre (Ligue 2). Il va surtout connaître une double confrontation héroïque avec le Dynamo Kiev en 16ème de finale de Coupe d’Europe. S’imposant 2-1 à Roudourou après avoir été mené, dans un match haletant et marqué par l’expulsion de deux Ukrainiens, les Guingampais arrivent à Kiev avec un léger avantage. Rapidement menés 2-0, les Guingampais réagissent, et Mandanne remet les deux équipes à égalité à un quart d’heure de la fin. La fin de match n’aura malheureusement plus rien à voir avec du football, les incidents violents se multipliant dans les tribunes, et obligeant l’arbitre à interrompre le match. Dans ce climat délétère, Kiev ajoutera un 3ème but sur pénalty pour obtenir la qualification, et mettre fin à la superbe aventure européenne des Guingampais. Une épopée qui aurait mérité mieux qu’un stade en guerre pour ultime théâtre. Mais qui souligne aussi à quel point Guingamp peut accomplir des choses que l’on ne voit nulle par ailleurs.