LE MATCH : SAISON 1995-1996, GUINGAMP-NANTES (3-1) Le résumé vidéo en bas de page
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Contre le champion de France en titre, Guingamp tentera ce soir la passe de trois. Après avoir réussi le partage des points (0-0) en septembre, à la Beaujoire, En Avant a confirmé en janvier en sortant Nantes de la Coupe de la Ligue (3-2 ap). Le troisième acte s’annonce passionnant.
Au bénéfice de sa victoire sur Bastia et du report de Montpellier-Guingamp, le FC Nantes a repris un point d’avance au classement sur En Avant. Dès ce soir, sur leur terrain fétiche (une seule défaite 0-1 contre Lille), les Guingampais ambitionnent de reprendre la main. Ils ne doutent de rien après trois victoires consécutives devant Saint-Etienne (3-0), Bastia (0-1) et Marseille (1-0) en coupe de la Ligue. Longtemps convoité, le maintien s’efface peu à peu au profit d’un autre challenge. En Avant n’ose pas encore parler haut et fort de l’Europe mais sa volonté de bien négocier un difficile mois de février le place droit sur ce cap. “Nous vivons notre réussite par palier. Nous avons construit un maintien qui semble acquis et nous nous orientons vers autre chose”, analyse Francis Smerecki. L’entraîneur guingampais n’arrête pas son regard sur la seule venue de Nantes. “Ce mois de février où nous allons jouer Nantes, Monaco et peut-être Montpellier peut déboucher sur un peu plus… A nous de bien le négocier. Après, nous tomberions sur un rythme de championnat plus régulier. Certaines équipes seraient sollicitées beaucoup plus que nous avec la coupe d’Europe et l’équipe de France. Mais d’abord, il faut passer Nantes” tempère-t-il.”Aujourd’hui, nous avons deux matchs de référence face à Nantes. Nous devrons être à notre meilleur niveau pour rivaliser avec eux“. Francis Smerecki tire aussi les leçons de la dernière victoire nantaise sur Bastia, “Nantes a semblé fringant. Il paraît avoir retrouvé ce que Suaudeau recherchait depuis longtemps. Là, deux ou trois jeunes ont redonné de la vitalité“. Jean Claude Suaudeau ne dément pas : “Il faut poursuivre sur cette dynamique“. Le succès sur les Corses et surtout la manière par lequel il est venu, a regonflé son groupe, au bon moment.
Objectif EUROPE
On connaissait l’En Avant, solide et compact du début de championnat. A ce niveau, on admirait sa manière de tenir le coup, de ne pas perdre souvent et de gagner parfois, même petitement. A Roudourou, la cage d’Angelo Hugues était restée inviolée durant les sept premiers matchs et, à défaut de déclencher l’enthousiasme, cela engendrait la fierté. En ce début d’année, En Avant ne perd toujours pas et il se met à planter des buts trois par trois. Son bilan depuis janvier est impressionnant : 4 victoires (Nantes (2fois), Marseille, Bastia et Saint-Etienne), un match nul face à Niort et une défaite à Bordeaux. Sans perdre de sa rigueur, cette surprenante équipe, qui vient d’aligner 4 victoires consécutives, est devenue spectaculaire. A la fierté s’ajoute, pour les spectateurs, le plaisir. Illustration avec ce Guingamp-Nantes, plein de rebondissements…
Une partie mal engagée
Avouons-le, on ne donne pas cher des chances guingampaises lorsque Nantes ouvre le score par… Baret à la 10e minute ! Surpris par une accélération de Makelele sur la droite, Candéla fauche le Nantais. A la réception du coup-franc tiré par Pedros, Guyot et Baret sont à la lutte et c’est le Guingampais qui, de la tête, dévie le ballon hors de portée de Hugues. Non pas que le champion en titre domine vraiment la situation et qu’il soit plus dangereux. Au contraire, la première occasion a été pour Candéla, un tir de 25m que Casagrande a détourné, au prix d’une belle envolée. Pas dangereux, peut-être, les Nantes, mais très appliqués et désireux de se replacer pour de bon dans la course à l’Europe tout en remettant à sa place l’insolent promu. Une bonne partie du chemin semble faite dès la 10e minute. Nantes peut voir venir et laisse de moins en moins d’espaces aux Guingampais tout en faisant planer le danger par des coups de pied arrêtés sur lesquels la défense d’En Avant remaniée (Houzé et Lecomte remplacent Foulon et Mihali) est mal à l’aise. Bref, les locaux n’en mènent pas large et on ne voit pas comment ils pourraient débloquer la situation.
L’étincelle
Dans un stade bondé et une ambiance très chaude, il suffirait pourtant d’une étincelle pour que le combat change d’âme. Dallet va servir de détonateur en plongeant dans la surface avec Le Dizet sur ses talons : “Je jure, j’ai pas touché”, affirme le Nantais… que le sourire du Guingampais ne démentira pas. 
Casagrande ayant détourné le penalty tiré par Gravelaine, on ne peut affirmer que cette erreur d’arbitrage a fait basculer le match. Pourtant… Un vent de folie s’est alors levé et Gravelaine avouera que son échec lui a donné la rage. Un Xavier enragé, ça fait mal. 3 minutes plus tard (37e), il obtiendra un deuxième pénalty. Lancé par Dallet, Gravelaine s’infiltre dans la surface où il se fait faucher par Guyot. C’est le deuxième pénalty de la soirée. Carnot remplace Gravelaine dans le rôle du justicier et du plat du pied, ne laisse aucune chance à Casagrande, pris à contre-pied (1-1).
Le talentueux joker d’En Avant Gravelaine fera définitivement basculer le match juste avant la pause. Un dégagement au pied de Casagrande est intercepté par Coridon au-delà de la ligne médiane. La balle arrive sur Carnot qui, de la tête, la dévie habilement dans la course de Gravelaine. Surpris par la rapidité de l’enchaînement, Decroix et Chanelet restent sans réaction. Gravelaine passe entre les deux Nantais avant de piquer le ballon au-dessus de Casagrande sorti à sa rencontre (2-1).
“Il ne suffit pas d’être attentif durant une demi-heure” a maugréé Suaudeau, désespéré par les atermoiements de sa défense. Attentif, En Avant sait l’être pendant des heures, et parfois même il se montre emballant. Menant à la marque, les Guingampais ne vont plus lâcher le morceau. Ils vont gérer leur avantage avec une maîtrise que ne possède pas le FC Nantes d’aujourd’hui. En seconde période, le champion sortant ne fera qu’illusion. Il en sera réduit à multiplier les fautes sans jamais mettre son adversaire en danger.
Le subtil Carnot finira de l’accabler et donnera à la victoire guingampaise une allure de triomphe, un triomphe qui permet d’entrevoir de nouveaux horizons. Monté sur l’aile droite, Houzé trouve Rouxel qui, après un bon contrôle de la poitrine, adresse une balle en cloche en direction du point de pénalty. Guyot, Chanelet ou même Casagrande ont largement le temps d’intervenir mais, décidement, la communication est déficiente dans la défense nantaise. Personne n’en veut ? Carnot, qui traîne par là, se dit qu’il y a un bon coup à jouer. En extension, il parvient à pousser le ballon qui roule au fond des buts (3-1).
Francis Smerecki : “Nous avons mal engagé cette rencontre. Nous n’étions pas vraiment calés. Il fallait que chacun trouve sa place notamment dans une défense remaniée avec les absences de Mihali et de Foulon. En plus, nous ne nous attendions pas à ce dispositif nantais. L’ouverture du score a provoqué une grosse réaction de notre part tandis que Nantes est toujours resté menaçant sur coup de pied arrêté. A aucun moment, nous n’avons cédé à l’affolement et quand Nantes est passé à trois défenseurs pour revenir à la marque, nous n’avons pas cédé et des occasions se sont présentées. En début de saison, nous avions du mal à revenir lorsque nous étions menés. Cette victoire est donc une grosse satisfaction. Elle nous permet d’envisager sereinement notre demi-finale de coupe de la Ligue, mardi devant Metz”.
Richard Lecomte : “Cette victoire est importante car elle nous assure définitivement le maintien. Nous pouvons envisager un autre objectif désormais. Nous avons connu un premier quart d’heure difficile. Le but nantais a entraîné une réaction collective. Nous avons été plus agressifs dans le jeu. Nous étions de plus en plus sûrs de nous et de nos forces. En deuxième période, Nantes a cherché à revenir à la marque. Des espaces se sont ouverts mais nous avons peut-être perdu trop de ballons pour les exploiter”.
Lionel Rouxel : “C’est très agréable de retrouver une équipe qui tourne bien. L’intégration est plus facile. Je n’ai pas encore toutes mes sensations mais après quelques matchs, cela reviendra.”
Yannick Baret : “Nous avions mal commencé ce match, un peu comme contre Lille, en décembre. Notre pressing ne fonctionnait pas. Nous étions toujours en retard. Le pénalty nous a remis en selle. Même en n’étant pas très bons, nous sommes parvenus à reprendre l’avantage. Sur le but nantais, j’étais à la lutte avec Guyot et j’aurais fait mieux de ne pas toucher le ballon”.
Xavier Gravelaine : “Sur mon pénalty, j’avais initialement décidé de le tirer de l’autre côté. J’ai changé d’avis au dernier moment et Casagrande a réussi un superbe arrêt. Mon échec m’a donné la rage de vaincre. Je me suis rattrapé après en obtenant le deuxième pénalty et en marquant juste avant la mi-temps. Les supporters nantais n’ont pas été très sympa avec moi. Il faut arrêter ça. Nous sommes pas en guerre”.
Jean-Claude Suaudeau “C’est nous qui avons perdu cette rencontre. Guingamp est meilleur que nous cette saison. Sur ce terrain, il valait mieux mener. Cette formation nous a démontré comment il fallait gérer un avantage. Nous avons la possibilité de reprendre l’avantage, et, brutalement, nous faisons des erreurs impensables. Le second but est à l’image de ce qu’est Nantes, cette saison. Bien jouer une demi-heure ne suffit pas face à un adversaire comme En Avant. Quant aux pénalties, allez donc demander à l’arbitre”.
Jocelyn Gourvennec : “En réalisant de telles bévues, il est impossible de rivaliser. Cela fait six mois que ça dure. Nous restons trop fragiles quand nous sommes menés. Nous devons persévérer. Personnellement, j’ai souffert en deuxième période mais c’est avec ce genre de match que je vais revenir à mon niveau”.
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