Le Roudourou, c’est une atmosphère unique, un lieu de communion autour d’En Avant de Guingamp. L’ambiance du Roudourou est le reflet de l’âme du club, de son identité.
« Roudourou experience » a vocation à célébrer cet endroit et ce qui s’y passe. D’abord en revenant sur certaines des plus belles soirées que nous ayons connu, et en remettant régulièrement en lumière les moments fusionnels que nous avons pu y vivre. Mais surtout en demandant à chacun de témoigner sur les moments forts qu’il a pu y vivre et de nous raconter à sa façon ce qui fait la « Roudourou experience ». Les internautes seront régulièrement sollicités pour venir enrichir cette rubrique de leurs témoignages, et construire ensemble l’encyclopédie des moments uniques du Roudourou
Sa “Roudourou Experience”
“C’est un sentiment tout aussi étrange que puissant. Il m’a précisément envahi trois fois dans ma jeune vie de supporter guingampais. Avant la ½ finale à Toulouse en 2009, avant la réception du PSG qui succédait à la qualification au PAOK et ce mercredi 16 avril 2014. Ce sentiment inexplicable mais implacable : je sais que Guingamp va gagner. Non pas peut gagner, mais VA gagner.
La ½ finale à Toulouse représente mon zénith footballistique en termes d’émotions. Ce match contre Monaco est, avec Kiev, mon plus beau souvenir à Roudourou. Je pourrais vous énumérer pendant des heures tous les moindres détails de ce soir-là.
Mon arrivée au stade, la poignée de main à des joueurs au regard plus perçant, au visage plus fermé que d’habitude, la remise de mon livre sur la Coupe de France 2009 (prémonition ?) à mon ami Kader Boudaoud et à Emmanuel Petit, commentateurs pour France Télévisions. Les 5 dernières minutes, que j’avais commentées debout sur le banc de la Tribune de Presse. Gourvennec, Jocelyn l’Enchanteur, me pinçant la joue dans un grand sourire en zone mixte, moi, le privilégié qui ait la chance de vivre au plus près les exploits répétés depuis son arrivée. Les dizaines de demandes de logements pour la finale, mes amis étaient au courant que le Stade de France n’est qu’à quinze minutes de chez moi, à Paris. Et des messages incendiaires de ma fiancée (qui avait regardé le match de bout en bout, meilleure preuve de l’importance cruciale de cet EAG-Monaco) me rappelant que nous ne pourrions pas accueillir tout le monde.
Je me souviens qu’en National, elle m’avait demandé si, un jour, elle verrait des stars jouer à Roudourou. Ce 16 avril 2014, elles étaient là. Des anciennes gloires : Carvalho, Abidal, Berbatov. Des étoiles montantes : Martial ou James Rodriguez. Depuis l’élimination du PSG en 16è de Finale, la Coupe de France est promise à la constellation monégasque. Le problème, c’est que tout le monde semble avoir encore oublié l’éternel poil-à-gratter qu’est En Avant. Ce tirage est le meilleur possible oui… mais pour Guingamp.
Je savais qu’on allait gagner ? Oui, mais pas de cette manière. Je savais que le Roudourou allait être en fusion ? Oui, mais pas exploser à ce point.
Lors de mes années passées au sein du club, un membre du staff que j’admire beaucoup (et qui se reconnaitra) m’avait démontré qu’il n’existait pas cinq stades en France où l’ambiance était meilleure qu’à Guingamp. Maintenant que je sillonne les stades de Ligue 1 grâce à Radio Bonheur et EAG, je peux aussi le certifier.
Ce stade a une âme. Il est animé par un irréductible Kop Rouge, porté par un public de plus en plus réceptif. La proximité des tribunes avec le terrain transcende les joueurs. Qu’il est beau ce Roudourou quand il est plein à craquer et que l’on voit les spectateurs au cinquième rang debout derrière le but sauter pour tenter d’y voir quelque chose !
Qu’il est beau ce Roudourou lorsqu’il pousse un Douniama, à deux phalanges du but de sa vie en fin de temps réglementaire, mais Romero, le gardien monégasque, s’était arraché pour dévier du bout du gant sa frappe surpuissante de trente mètres sur la barre. Qu’il est beau ce Roudourou quand il réclame, à raison, un pénalty pour ses Rouge et noir dans le temps additionnel.
La légende de ce Guingamp-Monaco s’est aussi écrite au gré de frustration et de rage. Car malgré un dernier quart d’heure de la première période en sa défaveur, Guingamp a mangé l’ASM de bout en bout. Romero a multiplié les prouesses, En Avant les occasions manquées. Pour un pied, une main, ou quelques centimètres. La libération n’en fut que plus belle, plus jouissive. Et puis, comme un cadeau de plus dans une soirée d’anthologie, il y eu ce troisième but qui rend l’histoire merveilleuse. Comme Petit en 1998, comme Zidane contre l’Espagne en 2006, il y a eu Yatabaré contre Monaco en 2014. Un contre de 80 mètres.
Pour l’anecdote personnelle, je me souviens m’être fait la réflexion que j’avais souvent du mal à décrire les contre-attaques dans mes commentaires radio. Quelques semaines avant, j’avais travaillé deux ou trois formules. Et la première fois où j’ai pu l’appliquer, c’était sur cette course folle de Giresse avant la volée spontanée de Yatabaré qui a plongé le Roudourou dans une liesse incommensurable. Si le public de la Latérale Est avait pu se jeter sur l’attroupement de joueurs, il l’aurait fait. J’ai vu le Roudourou comme je ne l’avais jamais vu. Il y a toujours de l’ambiance, toujours une atmosphère particulière même pour un match moyen. Ce 16 avril 2014, c’était puissance 1000. Je ne l’ai retrouvé que contre Kiev, quelques mois plus tard. J’imagine la trouille des Rennais lorsqu’ils ont réalisé dans leur canapé la prouesse monumentale des autres Rouge et noir de Bretagne.
Quelle fierté pour moi, le petit Malouin, d’avoir vu mon cœur pencher pour le chaleureux Guingamp plutôt que pour le tiède Rennes. Un ami me dit souvent qu’il se passe toujours quelque chose à Guingamp. Il a raison. Rennes, un exemple parmi tant d’autres, est sans cesse en Ligue 1 depuis plus de 20 ans. Guingamp y a passé deux fois moins de temps dans toute son histoire et pourtant, j’ai l’impression que l’on vit, tous ensemble, quelque chose de grandiose chaque saison. Depuis quelques années, on se dit qu’En Avant ne pourra jamais faire mieux, mais chaque année il repousse les limites de l’impossible.
Quel plaisir de supporter ce club ! Quel bonheur de le commenter, de relayer les buts, les exploits des joueurs à travers les ondes !
Ce 16 avril 2014, c’était une apothéose parmi tant d’autres. Une soirée où l’on vibre à l’unisson, joueurs, staff, dirigeants, suiveurs, supporters. Une soirée où Guingamp ne fait qu’un.”